«Ces défis justifient mon engagement»

1/ Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Mon parcours est assez atypique puisqu'après des études qui m'ont conduit à l'obtention d'un Mastère de droit, d'urbanisme et d'environnement à la faculté de Reims, j'ai présenté, avec deux amis, un projet de création d’un bureau d’études en urbanisme et en management participatif. Nous avons décroché la 2ème place au concours Reims Créator.

Après le lancement de ce projet, j'ai éprouvé l'envie de rejoindre mes parents dans la viticulture. J’ai préparé un BTS Viticulture-Œnologie à Beaune, en Bourgogne, un vignoble totalement différent de la champagne. Je voulais confronter mon expérience dans un contexte différent et pouvoir prendre du recul par rapport à notre vignoble champenois. J’ai pu ainsi me rendre compte des forces et des fragilités de notre appellation.

Le BTS validé et quelques parcelles de vignes acquises en Bourgogne, je me suis installé dans l’exploitation familiale qui siège à Tauxières-Mutry. Mon père étant toujours gérant de la société, je suis actuellement associé de l’exploitation avec un de mes frères. Nous travaillons en famille et chacun apporte sa touche personnelle au développement de l'exploitation.  

2/ Qu'est ce qui a motivé votre engagement dans la vie publique ?

Mon père était conseiller municipal de Tauxières-Mutry. Mes parents étaient également très actifs dans les associations sportives et scolaires. J’ai donc eu très tôt le sens du service pour la communauté.

En 2008, je me suis présenté aux élections municipales dans ma commune d’adoption, Mareuil-sur-Aÿ, dont je suis aujourd’hui conseiller municipal.

Les valeurs démocratiques, l’humanisme, l’empathie, la volonté d’être utile pour contribuer à améliorer le quotidien, la nécessité de se projeter dans l’avenir et de prévoir sur le temps long, son autant de valeurs et de combats que j’ai la volonté de porter autant dans ma vie professionnelle que dans ma vie publique.

3/ Quel regard portez-vous sur la champagne viticole ?

La champagne viticole est, à mes yeux, un modèle de développement solidaire. Mais nous devons toujours nous rappeler d’où nous venons. A la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, la viticulture était l’enfant pauvre du monde agricole. L’interprofession viticole a su s’organiser pour permettre à chaque viticulteur de pouvoir vivre dignement de son métier. Cette construction progressive alliant la recherche de l’excellence, le développement technologique, scientifique et durable, et la défense des intérêts de tous les acteurs de la profession, a permis de construire le succès de l’appellation.

Mais il nous faut aujourd'hui relever plusieurs défis de taille.

Le premier, le plus connu de tous, est la libéralisation des droits de plantations voté par le ministre de l'agriculture française. Notre député s'est réveillé trop tard sur le sujet et il nous faut revenir sur ce projet qui constitue une véritable menace pour la viticulture française. La libéralisation remet en cause l’outil principal de régulation qui, entre autres, a aidé la champagne à avoir la réussite qu’on connait.

Le second défi concerne la pression foncière liée au succès du champagne. Les prix sont désormais inabordables, notamment pour les jeunes. Aujourd’hui, il est impossible pour des jeunes de s’installer s’ils ne sont pas eux-mêmes issus de famille viticole. Pour ces derniers, le prix de l’hectare est tel que le coût de la succession devient de plus en plus prohibitif et oblige à un morcellement de plus en plus important des exploitations au fur à mesure des transmissions patrimoniales. Cet état de fait remet en cause l’avenir des exploitations familiales en favorisant la concentration du foncier aux mains des acteurs les plus puissants. 

Ces deux défis, parmi d'autres, je les vis au quotidien et ils justifient mon engagement aux côtés de Franck LEROY dont je connais les capacités et le dynamisme.